Saint Jean Chrysostome : le ténor de Constantinople
Cocktail explosif
Associez l’éloquence des orateurs antiques à la puissance de la Parole de Dieu, et vous voici face à Saint Jean Chrysostome ! Un des géants de l’Église primitive, qui maniait les mots avec une aisance remarquable à l’écrit comme à l’oral. Outre son héritage spirituel, les nombreux d’écrits qui nous sont parvenus de lui (dont des centaines d’homélies !) sont une source des plus édifiantes pour qui se prépare à parler ou se destine à la prédication.
D’un cru antique
Né à Antioche au milieu du IVème siècle, Jean est élevé par sa mère dans l’une des plus grandes villes de l’Empire. Brillant élève issu d’une classe aisée, Jean vit, selon ce qu’il en dit dans ses sermons, une jeunesse assez dissolue. Homme de droit, ses succès au tribunal et sa vie insouciante à courir les théâtres ne le satisfont pas. Il change progressivement de vie, se tournant vers la foi chrétienne en fréquentant l’évêque d’Antioche, Saint Mélèce.
Un long cheminement spirituel le conduit d’une vie simple au monastère, du monastère au désert, du désert au sacerdoce en 386, puis à l’archiépiscopat de Constantinople suite à la mort de son prédécesseur Saint Nectaire, en 397. Ses prises de positions sociales et ses enseignements tranchants lui valurent l’inimité de bien des grands, et notamment de l’Empereur Arcadius et de sa femme Eudoxie, qui l’avaient nommé patriarche de leur capitale. Au sein de l’Église, plusieurs évêques s’opposèrent également à lui. Tout ceci mena à son exil de Constantinople, malgré le soutien du pape Innocent Ier.
Sa renommée grandissant en dépit ou grâce à son exil, des foules se déplaçaient pour aller le voir. L’Empereur l’exila encore plus loin, aux confins de l’Empire, où il mourut en 407 au bord de la Mer Noire.
De saveur intemporelle
Reconnu docteur de l’Église au concile de Chalcédoine, en 451, Saint Jean Chrysostome est une figure d’importance pour l’ Église orthodoxe comme catholique. Ses écrits font toujours l’objet d’étude; et la liturgie qu’il a contribué à raffiner et qui porte son nom est toujours d’actualité dans les messes de rite byzantin.
Effet garanti
Jean “Bouche d’Or” prononçait des sermons percutants, au milieu de fidèles enthousiastes massés autour de lui. Il semble qu’il avait peu d’égard pour l’orgueil de ses auditeurs : il privilégiait sans peine l’annonce de l’Évangile et les vives exhortations à changer de vie aux prises de parole que nous pourrions juger plus « diplomatiques ».
Car Saint Jean Chrysostome donne une puissance extraordinaire à la parole prononcée par le prêtre dans la prédication :
“Après le bon exemple, le ministère sacerdotal ne connaît pas d’autre méthode, pour guérir, que la prédication. La parole seule lui tient lieu d’instrument, d’aliment, d’air salubre. La parole est le remède qu’il administre, la parole est le feu dont il se sert pour brûler, la parole est le fer avec lequel il tranche : il n’en a pas d’autre à sa disposition; la parole est-elle impuissante, le prêtre est à bout de moyens. Par la parole nous relevons l’âme abattue, nous ramenons à son état naturel celle qui est travaillée de l’enflure, nous retranchons les superfluités; nous remplissons les manques; en un mot, c’est par elle que nous faisons toutes les opérations qui peuvent être utiles à la santé de l’âme.” (Traité sur le sacerdoce, IV, 3)
Voilà comment, du fond des siècles, Saint Jean Chrysostome dresse un incroyable portrait de l’orateur et du prédicateur : un véritable médecin capable de restaurer la santé des âmes !
Mais ne faut-il pas de longues années pour apprendre la médecine ? Alors ne perdons pas de temps à bricoler avec des bistouris émoussés et des pommades inefficaces : formons-nous !